mardi 5 mai 2009

Bye Bye Bassorah


chiisme

ou shiisme
nom masculin
Courant de l'islam né, au VIIe s. de notre ère, du schisme des partisans d'Ali à propos de la désignation du successeur du Prophète.
Ensemble doctrinal commun aux musulmans qui se réclament de ce courant. (Larousse)




Le 30 Avril dernier, l'armée britannique a rendu officiellement le contrôle de la ville de Bassorah au gouvernement Irakien, et retiré ses 4.000 soldats encore présents. Elle a ainsi mis fin à 6 ans de présence en Irak, avec un bilan pour le moins mitigé.
Bien sur, les généraux se congratulent les uns les autres pour le travail accompli et le sentiment de partir sur un franc succès. Pour le général Tom Beckett, commandant de la 20e brigade blindée, "Nous sommes tristes de quitter nos amis irakiens, mais nous quittons ce pays avec le sentiment du devoir accompli. Nous partons la tête haute".
Si le devoir était de renverser la dictature de Saddam Hussein, c'est certes réussi. Ce fut également une réussite exemplaire de désintégration complète d'un pays, et de déclenchement d'une interminable guerre civile et confessionnelle. Par contre, si l'objectif était de découvrir des WMD, on peut parler d'échec retentissant, mais aussi de manipulation de l'opinion publique, de propagande et d'agression injustifiée contre un état souverain. Les amis Irakiens vous remercient, soyez-en surs...

En ce qui concerne la ville même de Bassorah, le bilan est un des plus calamiteux de tout l'Irak, et la gestion britannique fut particulièrement discutable.
Après les élections organisées en 2005, qui ont vu les fondamentalistes chiites remporter la plupart des sièges, les tensions avec les sunnites, minoritaires dans la région, se sont aggravés et la guerre civile intensifiée.
Alors que les infrastructures et les routes étaient toujours en ruine, que l'argent de l'aide internationale était détourné avec une constance remarquable, et que la ville était en proie à des combats quotidiens, les Britanniques laissèrent le contrôle de la ville aux autorités locales le 3 septembre 2007 et abandonnèrent le palais de Bassorah pour se réfugier quelques kilomètres à l'Ouest, dans l'aéroport transformé en Contigency Operating Base, ou COB. Ce COB fut par la suite la cible de tirs de roquettes quotidiens, alors que les combats entre la police, l'armée et les différentes milices continuait de plus belle.

Et c'est seulement après l'opération "Charge of the Knights" menée le 25 Mars 2008 par les forces Irakiennes et US (le Pentagone a un goût certain pour la mise en scène hollywoodienne...) que la situation fut à nouveau sous contrôle. Ce recours au grand frère américain pour stabiliser la seule province dont ils avaient la charge est un aveu de l'échec de la stratégie britannique en Irak.

Aujourd'hui, à Bassorah comme dans les autres provinces d'Irak, le nombre de combats, attentats et morts violent a diminué de manière drastique, même si on ne peut pas dire que le pays soit complètement pacifié : le 3 mai, un homme a tué 2 militaires américains a Mossoul, et Mercredi 29 Avril, 48 personnes ont été tués dans une série d'attentats à Bagdad.

Le bilan humain pour l'arest non négligeable, avec 179 tués et des milliers de blessés (le chiffre exact porte encore à débat).


Source : Casualty Monitor

Si on se tourne vers l'avenir, on peut s'interroger sur le sort de la province de Al-Basra si Barack Obama tient sa promesse et retire les troupes US en 2011 selon le calendrier prévu.
Car cette région représente l'intérêt stratégique énorme de constituer le seul accès à la mer de tout l'Irak, et qui contrôlera Bassorah contrôlera le transport de tout le pétrole produit dans le pays. Les milices chiites se remettront-elles en guerre ? L'Iran tentera-t-il de s'imposer? Le gouvernement central de Bagdad parviendra-t-il à y maintenir son autorité ? Rien n'est moins sur.

mercredi 22 avril 2009

la Grande Depression vue par John Steinbeck



Un texte saisissant de l'auteur américain John Steinbeck, tiré de l'ouvrage paru en 1960 America and Americans, and selected nonfiction. Tout le monde ne parlant pas anglais couramment, voici quelques morceaux choisis traduits en français.

Chapeau à Economist View pour avoir déniché ce texte.


A Primer on the 30's


Bien sur, je me souviens des Années Trente, les terribles, tumultueuses, triomphantes, explosives Années Trente. Aucune autre décennie dans l'histoire ne connut autant d'événements partant dans autant de directions différentes. De violents changements ont eu lieu. Notre pays fut modelé, nos vies transformées, notre Gouvernement reconstruit, forcé d'assumer des fonctions, taches et responsabilités il n'avait jamais eu auparavant et desquelles il ne pourra plus jamais se défausser.
Les plus enragés, hystériques anti-Roosevelt n'oserait pas-même suggérer revenir sur ces réformes, les gardes-fous et le concept neuf d'un Gouvernement responsable pour tous ses citoyens.
En regardant en arrière, cette décennie me semble avoir été aussi soigneusement préparée qu'une pièce de théâtre. Elle a connu début, milieu et fin, et même un prologue - 1929 donnant contraste et grandeur tragique pour les dix années suivantes.

Je me souviens très bien de 1929. C'était pour nous la réussite (pas moi mais la plupart des gens oui). Je me souviens des visages drogués et joyeux des gens qui construisaient des fortunes de papier sur des actions qu'ils ne pouvaient se payer. "J'ai fait dix points en dix minutes aujourd'hui. Voyons voir...ça fait quatre-vingts mille cette semaine."

Dans notre petite ville, des présidents de banque et des cantonniers se bousculaient au téléphone à pièces pour appeler leurs courtiers. Tout le monde était courtier, plus ou moins. A la pause midi, les employés de magasin et les sténographes mâchaient leurs sandwiches tout en regardant les tableaux et calculaient leur fortune s'accumuler en tas. Leurs yeux avaient cet éclat que l'on peut observer autour d'une table de roulette.
[...]
Je me souviens comment les Grands Barons, les hommes dans le coup, étaient interviewés et re-interviewés. Certains d'entre eux gagnaient du temps pour rassurer les millionnaires ruinés: "C'est un réajustement naturel". "Ne craignez rien - achetez = continuez d'acheter." Pendant ce temps les Grands Barons vendaient et le marché s'écroulait sur lui-même.

Alors vint la panique, et la panique se transforma en choc sourd. Quand les marchés s'écroulèrent, les usines, mines et aciéries fermèrent et alors personne ne put plus rien acheter, même pas de la nourriture. Les gens déambulaient, et semblaient complètement sonnés. Les journaux parlaient de gens ruinés sautant du haut des gratte-ciels. Quand ils arrivaient en bas, ils étaient littéralement ruinés.`L'on cle d'un de mes amis était un millionnaire très riche. De sept millions, sa fortune a fondu à environ deux millions en quelque semaines, mais deux millions cash. Il se lamentait qu'il ne pourrait pas trouver de quoi manger, se limitant à un œuf pour le petit-déjeuner. Ses joues se sont creusées, ses yeux devinrent fiévreux. Finalement, il se suicida avec son arme. Il pensait mourir de faim avec seulement deux millions. C'est dire la notion des valeurs qu'on avait à l'époque.

Soudainement les gens se souvenaient des quelques économies qu'ils avaient en banque, les seules certitudes dans un monde devenu si menaçant. Ils se sont rués pour récupérer leur argent. Il y eut des bagarres et des émeutes et des cordons de police. Quelques banques firent faillite. La rumeur commença à s'embraser. Alors, des gens apeurés et en colère prirent d'assaut les banques jusqu'à leur fermeture définitive.
[...]
Que se passait-il dans les centres de pouvoir? Il semblait alors et il semble toujours que le Gouvernement prit peur. La Maison Blanche, barricadée et entourée de troupes, montrait que le président avait peur de ses propres citoyens. La rumeur se répandit que M. Hoover avait stocké pour trois ans de nourriture dans sa résidence de Santa Cruz Mountain. Peu importe que ce fut vrai ou non. Les gens y croyaient. Et on devait ressentir de la peur dans l'Administration, car seule la peur pousse à recourir à la force.
[...]
La Prohibition avait été abolie [en 1934] et des slogans peints grossièrement apparurent sur tous les murs "Vous nous avez donné de la bière, maintenant donnez-nous de l'eau!" Dans les Grandes Plaines, le tapis d'herbe à buffles avait depuis longtemps été fauché et la terre gisait nue et vulnérable sous les rayons du soleil. Quand les vents forts se levaient, la poussière se soulevait et formait des nuages, voilant le soleil et s'abattant sur les façades et les clôtures comme de la neige sombre. Les photographies de l'époque montrent nos régions les plus riches ressemblant à des paysages lunaires, dévastés et effrayants. Le bétail mourrait ou était abattu, et les gens fuyaient pour sauver leur peau, abandonnant tout ce qu'ils ne pouvaient transporter avec eux.
[...]
Durant les premiers jours de la migration, quelques groupes furent pris au piège par (les) intempéries. Par exemple, environ trois mille personnes, dans un camp de King's County, California, furent pris dans une inondation. Ils se sont retrouvés entassés et affamés sur les hauteurs entourées d'eaux et de champs emplis de boue.
[...]
Le Klan devenait puissant, au moins en nombre. A Pacific Crove, le sigle KKK était peint en lettres géantes sur les murs et plusieurs fois une petite carte rouge était glissée sous ma porte, avec inscrit "On vous tient à l'œil". signé "KKK".
[...]


Google BookSearch pour lire la version complète en anglais.

jeudi 16 avril 2009

le Pakistan, allié des Etats-Unis et cible du Pentagone

drone
nom masculin
(anglais drone)
Petit avion télécommandé utilisé pour des tâches diverses (missions de reconnaissance tactique à haute altitude, surveillance du champ de bataille et guerre électronique; armement). Larousse.



Dans ce qu'il ne convient plus d'appeler la Guerre contre la Terreur, mais les Opérations de Contingence d'Outre-Mer, la chasse au Talibans est restée, sept ans après l'invasion de l'Afghanistan, une des activités principales du Pentagone. Avant même son élection, Barack Obama avait fait savoir qu'il concentrerait les efforts militaires américains en Afghanistan, laissant l'Irak "pacifié" se débrouiller tout seul. Il n'avait par contre pas dit que sous son commandement direct, le Pentagone multiplierait les attaques de unmanned vehicles dans ces fameuses "zones tribales" insoumises, en territoire Pakistanais.

Le gouvernement d'Islamabad, allié traditionnel des Etats-Unis et puissance nucléaire, joue un jeu étrange face à cette situation. On apprend cette semaine de l'AFP :
Le président du Pakistan Asif Ali Zardari a donné son feu vert à un accord avec les talibans, très critiqué par les Etats-Unis, qui instaure des tribunaux islamiques dans la vallée autrefois très touristique de Swat (nord-ouest) en échange d'un cessez-le-feu.

"Le président a signé lundi" l'accord après que l'Assemblée nationale l'eût approuvé à une très large majorité, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la présidence, Farah Ispahani.

Il avait été négocié le 16 février entre le gouvernement de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP) et les talibans de la vallée de Swat, qui avaient alors décrété un cessez-le-feu unilatéral mais menacé de reprendre les combats si l'Etat fédéral ne promulguait pas le texte.

Ces tribunaux islamiques, installés de facto, ont d'ailleurs commencé à juger depuis mars dans cette vallée, autrefois le site le plus touristique du pays. Ils jugent en première instance en vertu de la loi islamique, la charia, dont l'application est cependant déjà prévue par la Constitution de la République Islamique du Pakistan.

La région de Swat, à une centaine de km au nord-ouest d'Islamabad, était tombée à l'été 2007 aux mains des talibans qui y multipliaient les exécutions sommaires, détruisaient des écoles mixtes et restreignaient les libertés des femmes. Mais l'armée n'a jamais réussi à y restaurer véritablement le pouvoir de l'Etat.

Cet accord, similaire à d'autres qui ont échoué en 2005 et 2007 dans les zones tribales voisines, où les talibans et Al-Qaïda ont reconstitué leurs forces, a été vertement critiqué par la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, principal bailleur de fonds du Pakistan.

Ils craignent qu'un tel accord ne favorise l'expansion des talibans et d'Al-Qaïda, dont l'influence progresse spectaculairement dans ces régions frontalières avec l'Afghanistan depuis des années. Washington estime qu'Islamabad cède là du terrain face à l'islam radical, dans la seule puissance nucléaire militaire du monde musulman.

Sous la pression de Washington, dont Islamabad est l'allié-clé dans sa "guerre contre le terrorisme", M. Zardari avait soumis lundi le texte de l'accord au Parlement, qui s'est prononcé en sa faveur à la quasi-unanimité, invoquant un système judiciaire qui accélérera les procédures --d'ordinaire extrêmement lentes-- à la demande des justiciables.

En appel et cassation, ces derniers rentreront de nouveau dans le système judiciaire fédéral, qui juge en vertu d'un mélange de droit issu de l'héritage colonial britannique et de la loi islamique, la charia, dont la Constitution proclame qu'elle est supérieure à toutes les normes.

Le nouveau système judiciaire, dès qu'il sera promulgué officiellement par le gouverneur de la NWFP, s'appliquera aux trois millions d'habitants de la région de Malakand, dont le district de Swat constitue une grande partie.

Les talibans, qu'une vidéo a récemment montrés en train de fouetter publiquement une femme à Swat, espèrent qu'il permettra d'appliquer la charia à la lettre, ce qui n'est pas le cas dans le droit pakistanais.

Mais un communiqué du gouvernement indique que M. Zardari a rappelé ses engagements à maintenir "la suprématie de la Constitution" et son attachement à "renforcer la démocratie".

Face à ces contradictions, de nombreux analystes estiment que l'accord, comme ceux conclus par le passé et qui ont permis aux talibans de progresser dans les zones tribales à la faveur du cessez-le-feu, pourrait ne pas tenir bien longtemps.


Dans le même temps, une conférence se tenait à Tokyo afin de lever des fonds pour soutenir le gouvernement Pakistanais, qui du fait de la Crise Financière, avait du emprunter en décembre dernier au FMI 7.6 $milliards.

Le Japon, les Etats-Unis, L'Arabie Saoudite, l'Union Européenne et l'Iran ont convenu d'offrir 5 $milliards au Pakistan afin de l'aider à stabiliser son économie et à lutter contre les "terroristes" des territoires Pashtuns du Nord-Est du pays.

A l'issue de la conférence, Richard Holbrooke, "Emissaire Spécial" de la maison Blanche en Asie Centrale, à prévenu que la contribution était bienvenue mais insuffisante, et qu'il faudrait bientôt remettre la main à la poche.

Sept ans après son commencement, la guerre d'Afghanistan (naguère appellée opération Liberté Immuable, vous vous souvenez?) est en train de devenir la guerre Af-Pak, à mesure que se multiplient les bombardement de drones Predator sur les zones frontalières.

Un article du LA Times, écrit probablement par un attaché de presse du Pentagone, nous donne quelques chiffres :
Since Aug. 31, the CIA has carried out at least 38 Predator strikes in northwest Pakistan, compared with 10 reported attacks in 2006 and 2007 combined, in what has become the CIA's most expansive targeted killing program since the Vietnam War.
Rassurez-vous, ils ne précisent pas combien de mariages ont été intérrompus par les Predators.

On apprend également dans cet article que les Predators ne sont pas controlés par l'US Air Force, mais directement par la CIA. Ce sont en effet ses agents qui décident des cibles et controlent littéralement les frappes de ces drones.
The offensive has been aided by technological advances and an expansion of the CIA's Predator fleet. The drones take off and land at military airstrips in Pakistan, but are operated by CIA pilots in the United States. Some of the pilots -- who also pull the triggers on missiles -- are contractors hired by the agency, former officials said.
Tiens il y a même des intérimaires chargés de faire ce travail. L'incompétence criminelle n'a pas de limites.
Donc, le territoire Nord-Ouest Pakistanais, peuplé principalement de Pashtuns, est régulièrement frappé par des attaques d'UAV contrôlé par les services secrets américains, sans cadre militaire légal d'aucune sorte, et sans qu'il soit envisagé d'y mettre un terme dans un avenir proche. A en lire certaines dépêches, il semblerait même que la Maison Blanche continue l'intensification de ces frappes.
Le retour de flamme d'une telle politique est bien sur la radicalisation des populations visées, et la prolifération des groupes d'insurgés, Afghans et Pakistanais mélangés. Ce qui à son tour aggravera la confusion dans cette zone frontalière.

Le quotidien pakistanais anglophone The News n'est apparemment pas aussi sensible à la rhétorique du Pentagone que le LA Times. Selon ce journal, les bombardements par les UAV sont complètement inefficaces, pour ne pas dire qu'ils sont injustifiables et criminels.
Mettez-vous à la place d'un lecteur Pakistanais, lisez le paragraphe qui suit, et après demandez-vous quelle serait votre réaction.
Of the 60 cross-border predator strikes carried out by the Afghanistan-based American drones in Pakistan between January 14, 2006 and April 8, 2009, only 10 were able to hit their actual targets, killing 14 wanted al-Qaeda leaders, besides perishing 687 innocent Pakistani civilians. The success percentage of the US predator strikes thus comes to not more than six per cent.
6% de réussites, ou si vous préférez 94% de civils parmi les victimes. Good job indeed.

Il est difficile de savoir exactement ce que cherche à obtenir le gouvernement Pakistanais, si ils laissent la situation se pourrir pour effectuer un chantage cynique à l'aide financière et matérielle, ou si ils assistent impuissants à cette guerre menée par leur allié dans leur propre maison. On peut lire tout de même dans le même article :
The last predator strike on [April 8, 2009] was carried out hardly a few hours after the Pakistani authorities had rejected an American proposal for joint operations in the tribal areas against terrorism and militancy, as differences of opinion between the two countries over various aspects of the war on terror came out into the open for the first time. The proposal came from two top US visiting officials, presidential envoy for the South Asia Richard Holbrooke and Chairman of Joint Chiefs of Staff Admiral Mike Mullen. However, the Pakistani military and political leadership reportedly rejected the proposal and adopted a tough posture against a barrage of increasing US predator strikes and criticism emanating from Washington, targeting the Pakistan Army and the Inter Services Intelligence (ISI) and creating doubts about their sincerity in the war on terror and the fight against al-Qaeda and Taliban.
L'avenir proche nous dira si la relation Pakistan/Etat-Unis connait un refroidissement réel ou si c'était un petit froid passager...

lundi 6 avril 2009

Un robot scientifique, la crise en Europe de l'Est et un ours en Taxi

UPDATE vacances. Je serai de retour Jeudi 16 Avril après un séjour dans une fort belle région. Pas de mise à jour d'ici là.


Selon le FMI, les pays de l'Est pourraient rejoindre l'Euro plus vite que prévu, afin d'eviter une catastrophe économique. Ce serait une bonne nouvelle pour eux, un peu moins bonne pour la stabilité du pacte Européen.

Adam est un robot qui élabore des hypthosès, les confronte à l'experimentation, et fait des découvertes scientifiques. Damn!


Remarquez comme il regarde bien la route pour pas avoir le mal de mer :)

samedi 4 avril 2009

La Mer Caspienne, épicentre des prochains conflits

Cette semaine le G20 se tenait à Londres. Tous les journaux et les blogs en parlent, et personnellement, ça ne me passionne plus que ça. Jacques Attali résume à peu près ce que j'en pense.

Donc on va plutôt faire de la géographie et parler de la Mer Caspienne.

Droit de la mer
ensemble des règles internationales, applicables aux espaces maritimes, et relatives à la souveraineté, la navigation et l'utilisation économique des eaux et des fonds marins.

Mer Caspienne
La plus vaste étendue d'eau continentale du globe, aux confins de l'Europe et de l'Asie, partagée entre la Russie, le Kazakhstan, le Turkménistan, l'Iran et l'Azerbaïdjan ; environ 360 000 km2.

(source Larousse en ligne)


Lac ou Mer intérieure ?

Si la question peut sembler spécieuse, le statut de la Mer Caspienne est pourtant très âprement débattu par tous les pays intéressés: Russie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Iran et Turkménistan.

Car au-delà du statut purement géographique, c'est le statut juridique qui est en jeu. Le Droit maritime, et donc le droit d'exploitation du sous-sol marin (comprenez des gigantesques gisements de gaz et de pétrole) avantagera l'un ou l'autre des pays limitrophe suivant si on fait de la Caspienne une mer ou un lac.


On peut ranger les acteurs de ce conflit diplomatique en deux camps.

Le "camp lac" d'un coté, composé de L'Iran et du Turkménistan, qui, étant les deux pays ayant le moins de km de côte, voudraient voir appliquer la répartition des richesses offshores à proportions strictement égales (20% pour chacune des cinq parties) au lieu de la répartition proportionnelle.
De plus, dans ce cas de figure, les décisions concernant l'exploitation des richesses naturelles devraient se faire à l'unanimité des pays concernés.

Le "camp mer" de l'autre
, où on trouve le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan, qui ont la part du lion du littoral mais aussi des ressources naturelles, et qui, soutenus comme on le verra par les Etats-Unis, souhaitent faire appliquer le droit régi par la Convention des Nations Unies de 1982, et conserver l'appartenance des champs gazifières les plus importants.

Chacun de ces deux camps s'appuie sur différents textes et résolutions internationales sans arriver à mettre un terme à ce différent territorial. La Russie quant à elle joue un rôle d'arbitre et appuie successivement l'une ou l'autre suivant son intérêt. Le Kremlin penche en ce moment du côté du camp mer, principalement depuis la découverte de nouveaux champs dans la région d'Astrakan.

Sans continuer plus avant dans les détails juridiques, retenons simplement l'existence de ces deux camps, et le fait que l'Iran, défendant sa position, empêche depuis 2001 l'Azerbaïdjan et un Consortium énergétique, Alov-Araz-Sharg, dirigé par la British Petroleum (vieille connaissance de l'Iran par ailleurs) d'exploiter le champ gazifière de Alov.


La position Russe est très claire : dans l'état actuel des choses, ils sont les interlocuteurs incontournables pour qui veut faire transiter le gaz et le pétrole depuis la Caspienne vers le marché auquel ils sont destinés, en Europe principalement. Ils ont donc tout intérêt à ce que la situation pourrisse, en soutenant les ambitions Iraniennes et Turkmènes d'un côté, et les revendications Azéries de l'autre.

Car le transport du gaz et du pétrole ne peut passer par le sud, où se trouve l'Iran, ce pays étant sous embargo économique depuis plus de 10 ans.
Les Américains, très conscients de cette situation de monopole de fait des russes sur la question du transport, ont porté à bout de bras le projet du pipeline BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), un projet très ambitieux qui permettait de littéralement contourner le problème, en partant de Bakou, capitale Azérie, pour passer par la Géorgie et la Turquie sur 1760km, évitant par là-même la Russie et l'Iran, les deux meilleurs ennemis de Washington.



Après de nombreux délais et imprévus divers, le pipeline fut mis en service le 10 mai 2005.
On retrouve encore la BP comme participant majoritaire au consortium (30.1%), suivi de la State Oil Company of Azerbaijan (SOCAR) (25%), Unocal (8.90%) et 8 autres compagnies détenant de sparts plus minoritaires.

Le Caucase ou passe le BTC est une véritable poudrière, où l'on compte au moins de 7 zones politiquement instables :

le Haut-Karabagh, région sécessioniste d'Azerbaïdjan peuplée majoritairement d'Arméniens,
la Tchétchénie, où malgré la fin du conflit en 2006 connait toujours des troubles
le Daguestan, l'Ingouchie, l'Ossétie du Sud, l'Abhkazie, et le Kurdidstan Turc.

Un exemple des conflits incessants dans la zone (Euronews, 04.04.2009):
Des affrontements ont aussi été signalés à Makhatchala, la capitale du Daguestan, autre république frontalière de la Tchétchénie, sans qu'il soit possible encore de faire un lien avec les troubles en Ingouchie.

Selon les autorités ingouches, 200 hommes environ ont participé à cette attaque qui a visé plusieurs bâtiments gouvernementaux dans trois localités de la république. Parmi les victimes figure le ministre ingouche de l'Intérieur.

Mais cette action a été minimisée par le ministre russe de la Défense. "La présence d'insurgés en Ingouchie est une réalité, mais nous avons assez de troupes pour les arrêter" a affirmé Serguei Ivanov.

Cette opération est néanmoins la plus importante menée par les rebelles depuis plusieurs années, des rebelles qui venaient apparemment de Tchétchénie et d'Ossétie du Nord.

Cette mise en perspective des contraintes géopolitiques de la région de la Mer Caspienne, loin d'être exhaustive (il faudrait parler du régime corrompu d'Alyev, de l'isolement Iranien, de la route de l'est pour livrer le gaz au marché chinois...), n'en reste pas moins très intéressante, et donne un avant-goût des prochains conflits à venir dans la région. C'est aussi un outil pour décrypter une actualité que les médias ne prennent hélas que trop rarement la peine d'expliquer correctement.
On peut dès lors voir la guerre Russo-Georgienne de l'Automne 2008 sous un angle assez intéressant. N'était-ce pas (entre autres raisons) pour le Kremlin une bonne occasion de démontrer la fragilité du BTC, et d'affirmer sa présence sur l'échiquier d'Asie Centrale non seulement comme incontournable mais aussi comme puissance énergétique dominante?

mercredi 1 avril 2009

La Guerre contre la Terreur est finie !

terrorisme
nom masculin
Ensemble d'actes de violence (attentats, prises d'otages, etc.) commis par une organisation ou un groupe d'individus, agissant pour son propre compte ou pour celui d'un État, en vue de créer un climat d'insécurité, d'exercer un chantage sur un gouvernement ou une organisation internationale, afin de satisfaire une haine à l'égard d'une communauté, d'un pays, d'un système.

guerre
nom féminin
(germanique werra, dispute)
Lutte armée entre États. (La guerre entraîne l'application de règles particulières dans l'ensemble des rapports mutuels entre États ; elle commence par une déclaration de guerre ou un ultimatum et se termine par un armistice et, en principe, par un traité de paix qui met fin à l'état de guerre.)
(Merci Larousse !)



Voilà une information complètement passée inaperçue des médias. Vous ne le savez peut être pas, mais la War on Terror est finie.

Seul l'Express semble avoir remarqué la chose :

"Le gouvernement a cessé d'utiliser l'expression et je pense que cela est parlant", a déclaré Hilary Clinton aux journalistes qui l'accompagnaient pour la conférence sur l'Afghanistan qui se tient à La Haye. "Je ne l'ai pas entendue utiliser.

Je n'ai pas eu de directive concernant son usage ou son non usage. Simplement, elle n'est pas utilisée", a déclaré Hillary Clinton à qui l'on demandait si le terme avait été officiellement rayé du vocabulaire de l'administration Obama. L'expression "guerre contre le terrorisme"/"guerre contre la terreur" a été fabriquée après les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis.
Elle a permis de justifier les interventions en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003. Elle avait été très critiquée par les groupes de défense des droits de l'Homme pour son utilisation en justification de l'ouverture de la prison de Guantanomo à Cuba.

Depuis sa prise de fonction le 20 janvier, Barack Obama a entrepris de supprimer un certain nombre de pratiques de son prédécesseur. Il a ordonné la fermeture de Guantanamo d'ici un an et la fin des interrogatoires musclés de personnes soupçonnées d'actes de terrorisme.
Hillary Clinton a indiqué qu'une de ses principales fonctions était d'améliorer l'image des Etats-Unis à l'étranger qui s'est fortement détériorée après l'entrée en guerre contre l'Irak en 2003.
Bon ce n'est pas du grand journalisme, l'information est incomplète et reprise presque entièrement d'une dépeche AFP . Mais au moins ils en parlent.
L'excellent site Contre Info nous renvoie à une source plus complète, un article de Christian Brose sur Foreign Policy.
The end of the Global War on Terror -- or at least the use of that phrase -- has been codified at the Pentagon. Reports that the phrase was being retired have been circulating for some time amongst senior administration officials, and this morning speechwriters and other staff were notified via this e-mail to use "Overseas Contingency Operation" instead.
On y apprend que la War on Terror va être désormais être pudiquement nommée Overseas Contingency Operation. Ca va moins le faire sur les bannières déroulantes de Fox News, mais bon!